Cour de justice: la fin de l’invisibilité de la ménopause?
Lorsqu’une réalité telle que la ménopause est perçue comme tabou, les femmes concernées sont soumises à une double peine.
Non seulement subissent-elles en grande majorité les désagréments de symptômes affectant la vie quotidienne, tels que les fameuses bouffées de chaleur, mais le tabou associé ajoute un stress supplémentaire aux situations sociales en limitant leur capacité à exprimer ce qu’elles vivent et en leur intimant implicitement, pour paraphraser Molière1, de « couvrir ce symptôme que la société ne saurait voir. »
En 2020 la télévision française diffusait un documentaire de Joëlle Oosterlinck et Blandine Grosjean, « Ménopausées ». Autrice du documentaire, Blandine Grosjean raconte : « J’ai eu envie de faire ce documentaire quand une dirigeante du monde économique, qui avait vu mon film précédent, Sexe sans consentement, m’a glissé qu’il y avait un autre tabou qui devrait être abordé, la ménopause. Ce qu’elle devait vivre en secret, dans la honte, la mettait en colère. Et cela m’a touchée, alertée. Pourtant, quand je l’ai re-contactée, elle a refusé de témoigner. »
Combien sont-elles, ces femmes qui ont internalisé cet impératif d’une ménopause invisible?
Alors, lorsque le 24 février dernier le Judicial College du Royaume-Uni publie sa nouvelle édition de l’ Equal Treatment Bench Book (ETBB) où, pour la première fois, apparaissent des recommandations pour la prise en compte des symptômes de la ménopause, c’est une véritable cause de célébration.
L’ETBB est un guide luttant contre les discriminations à destination non seulement des juges mais de l’ensemble des officiers de justice. Il vise à promouvoir la prise de conscience et la compréhension des circonstances propres aux individus comparaissant comme parties, témoins ou jurés.
La nouvelle version de l’ETBB aide les officiers de justice à comprendre la ménopause et ses impacts pour les femmes concernées, et offre une série de recommandations.
L’ETBB rappelle que la ménopause reste souvent un sujet tabou au travail et que les femmes qui l’évoquent doivent souvent faire face à des interlocuteurs mal à l’aise, de l’ignorance, de l’humour mal placé voire de l’hostilité2.
Il décrit quelques uns des symptômes les plus répandus (bouffées de chaleur, problèmes urinaires, règles abondantes, problèmes de sommeil, fatigue, maux de tête …) et recommande de s’assurer que la pièce soit équipée d’un système d’air conditionné en état de marche ou de la possibilité d’ouvrir les fenêtres.
Il recommande également de s’assurer que les personnes aient facilement accès aux toilettes et d’effectuer des pauses fréquentes.
Enfin l’ETBB recommande aux juges d’être attentifs aux signes d’inconfort, car la femme concernée peut souffrir en silence, se sentant trop embarrassée pour demander à la cour des ajustements pour soulager ses symptômes3.
Survenant moins de deux semaines avant la journée internationale de la femme, cette publication est un pas concret et bienvenu vers la fin d’une « ménopause invisible ».
Vous êtes intéressée par l’expérience vécue par des femmes à des stades différents de leur ménopause? Souhaitez un rappel de la physiologie de la ménopause et des principaux symptômes ? Téléchargez notre ebook gratuit, Histoire(s) de ménopause.
1: cf. Tartuffe Acte III, Scène 2
2: source: Equal Treatment Bench Book February 2021, p171.
3: source: ibid. , p 172
3 commentaires sur « Cour de justice: la fin de l’invisibilité de la ménopause? »