Abécédaire de la ménopause: l’autre « C«
Une erreur de casting?
Nous venons à peine de publier le chapitre « C » de notre Abécédaire de la Ménopause, consacré au cacao et au chocolat, et à leurs (pas si) surprenants bienfaits pour les femmes ménopausées.
Et il apparaît aujourd’hui que nous aurions pu dédier ce chapitre à une plante encore plus inattendue: le cannabis.
En effet, lors du congrès annuel de la North American Menopause Society (NAMS) tenu du 22 au 25 septembre, furent présentés les résultats d’une étude réalisée au Canada auprès de près de 1500 femmes, montrant qu’un nombre croissant de femmes utilisaient le cannabis pour les soulager des symptômes de la ménopause.
Cannabis Sativa: lois et usages
Le cannabis reste illégal dans une majorité des pays du monde (dont la France), même si sa consommation est parfois tolérée (comme dans certains états fédéraux d’Allemagne).
Le cannabis est cependant légal au Canada depuis 2018, tant à la consommation qu’à la vente.
Connu du grand public comme un psychotrope, le cannabis, Cannabis Sativa, est l’une des plantes les plus anciennes cultivées par l’homme. Utilisé depuis des siècles dans la médecine, mais aussi, grâce à ses fibres, dans la fabrication de textiles ou du papier dans l’antiquité en Chine1.
C’est la présence de delta-9-tetra-hydro-cannabinol (THC) qui est à l’origine des propriétés psychotropes du cannabis2. Ce qui explique sans doute que certains pays tolèrent la vente et la consommation de cannabis dont la teneur en THC est inférieure à 0,2% ; ainsi en Belgique le cannabis à fumer avec moins de 0,2% de THC est soumis à la même législation que le tabac.
En occident, l’usage médical du cannabis a connu son apogée à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Dans son Analytica Cyclopedia Of Practical Medicine publiée en 19241, Sajous classifie l’usage médical du cannabis en trois catégories:
- sédatif ou hypnotique (pour traiter tant les problèmes d’insomnies que la tuberculose)
- analgésique (du traitement des migraines au inflammations chroniques)
- autres (comme amélioration de l’appétit, traitement de problèmes digestifs , mais aussi de certains troubles sexuels chez la femme comme chez l’homme).
75% des femmes soulagées de leurs symptômes de la ménopause
Ce qui nous ramène à l’étude présentée par l’équipe de chercheurs Canadiens.
L’enquête fut menée auprès de près de 1500 femmes d’un âge médian de 49 ans. 68% de ces femmes étaient péri-ménopausées ou ménopausées. Un tiers des femmes avait consommé du cannabis sous une forme ou sous une autre dans les 30 derniers jours (et près des deux tiers avait déjà eu recours au cannabis).
Trois-quart des consommatrices récentes mettaient en avant des raisons médicales à leur usage du cannabis (quotidien pour 43% d’entre elles):
- troubles du sommeil (65%)
- anxiété (45%)
- douleurs articulaires ou musculaires (33%)
- irritabilité (29%)
- dépression (25%)
75% de ces consommatrices récentes ont affirmé que l’usage du cannabis les avait aidé soulager leur symptômes.
D’après l’équipe canadienne, l’usage du cannabis pour soulager les symptômes associés à ménopause est une solution vers laquelle se tourne un grand nombre de femmes, en particulier celles signalant des symptômes multiples.
Stephanie Faubion, directrice médicale de la NAMS, reconnait néanmoins que des recherches scientifiques futures sont nécessaires pour une réelle évaluation de l’efficacité (et des risques pour la santé) du cannabis dans le traitement des symptômes de la ménopause.
Donc finalement, pas de regret: à ce stade, le (délicieux) chocolat, avec ses bénéfices (é)prouvés, est bien le maître légitime du chapitre « C » de notre abécédaire !
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1: History of cannabis as a medicine: a review – Antonio Waldo Zuardi
2: Cannabis – from cultivar to chemovar – A. Hazekampa & J. T. Fischedick